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Médicaments : rupture d’approvisionnement, pénurie et contrefaçons

Publié en ligne le 15 octobre 2020 - Médecine -
Introduction du dossier


À l’occasion de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus, le grand public a découvert que ce qui pouvait sembler normal, à savoir disposer de médicaments de qualité en quantité suffisante, pouvait, du jour au lendemain, se trouver remis en cause. Pourtant, cette fragilité de la chaîne d’approvisionnement du médicament n’est pas une nouveauté pour les professionnels de santé, ni pour certains malades. Dans les pays économiquement moins développés, elle est une réalité quotidienne pour un très grand nombre de personnes. En France, la situation ne date pas d’aujourd’hui et les causes sont multiples, ne se résumant pas à la délocalisation vers l’Asie de la production des principes actifs (voir l’article de Jean-Loup Parier et Bruno Bonnemain, « Pénurie de médicaments et rupture d’approvisionnement »).

En privant les malades de leurs traitements, essentiels ou de confort, les ruptures d’approvisionnement favorisent le recours aux circuits illicites. Dans les pays les plus pauvres, les malades sont parfois contraints de se tourner vers des marchés parallèles lorsque leurs médicaments ne sont pas disponibles dans les officines ou lorsque les prix sont trop élevés. Dans les pays développés, Internet permet dans une certaine mesure de s’approvisionner en direct, et parfois en contournant tout contrôle sanitaire ou réglementaire. C’est dans ce contexte que la contrefaçon de médicaments peut se développer de façon dramatique. Si elle représente un enjeu économique important, elle est d’abord une menace très grave pour la santé de millions de personnes. Les habitants les plus démunis dans les pays économiquement moins développés sont les principales victimes de ces faux médicaments. Mais le phénomène se développe aussi dans les autres pays et représente un risque croissant pour la santé publique (voir les articles de Marc Gentilini et Quentin Duteil, « Les faux médicaments » et « Explosion des propositions de faux médicaments sur Internet »).

Certains voudraient tirer prétexte de ce trafic grandissant pour promouvoir une autre forme de faux médicaments : il ne s’agit plus alors de contrefaçons de produits pharmaceutiques à l’efficacité prouvée, mais de remèdes sans efficacité, ou même dangereux, présentés comme des alternatives valides (voir l’article de Jean-Paul Krivine, « Artemisia annua, l’actrice, le professeur et le paludisme »).

Le dossier que nous présentons dans ce numéro de Science et pseudo-sciences apporte un éclairage sur un sujet que l’actualité a remis au premier plan.

Un patient atteint du choléra expérimente des remèdes, Robert Cruikshank (1789-1856)
© Wellcome Collection gallery

Thème : Médecine

Mots-clés : Médicaments