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Fièvre aphteuse : faut-il vacciner ?

Publié en ligne le 8 juillet 2004 - Vaccination -

On semble avoir oublié, dans la mémoire collective, quel épouvantable fléau peut être la fièvre aphteuse des bovins. Après la première atteinte du virus, rarement mortelle et dont l’animal se remet assez vite, apparaissent une multitude de maladies, séquelles graves conduisant souvent les bovins à la déchéance et à la mort en un temps plus ou moins long. Tous les organes peuvent être atteints. Les plus graves sont les abcès et les stérilités consécutives à des troubles génitaux.

Cette maladie atteint tous les bi-ongulés mais pas de la même façon. Les bovins marquent des symptômes nets et précoces. Les moutons et les chèvres font des maladies plus discrètes, mais ils sont très tôt excréteurs de virus. Les porcins excrètent mille fois plus de virus que les bovins quand ils sont malades.

Contre ce fléau, l’anthropomorphisme intégriste croissant dans nos sociétés suggère d’en appeler à des moyens analogues à ceux qu’on choisirait pour les humains : VACCINER.

Le vaccin existe. Il a permis de réduire la présence du virus dans beaucoup de pays européens. Il a eu l’avantage de faire disparaître la crise primaire et surtout les séquelles. Mais, tant que c’est possible, on évite d’y recourir contre un fléau d’une telle gravité chez les bovins.

Il existe, pour les animaux, deux méthodes de lutte contre les maladies très contagieuses :

 la vaccination, justifiée quand la cause infectieuse est très répandue dans le cheptel (maladies enzootiques) et que le pays n’a pas les moyens d’indemniser le plus largement les éleveurs ;
 l’éradication, qui consiste à ne laisser aucune prise au virus pour se multiplier et se répandre ; méthode préférable quand les foyers sont très localisés, peu nombreux et dans un environnement très largement sain.

Dans l’état actuel de la situation en Europe Continentale et même au Royaume Uni, IL N’Y A PAS LIEU DE VACCINER pour les raisons suivantes :
 L’efficacité du vaccin ne dépasse pas 6 à 9 mois. Si on commence, il faudra revacciner chaque année.
 Il n’y a pas un vaccin mais plusieurs selon les types de virus et les vaccins trop polyvalents sont peu efficaces.
 Dès lors s’agissant des millions de bovins, la vaccination coûtera plus cher (au contribuable) que l’éradication.
 Sous couvert du manteau vaccinal, les virus circulent. Ils sont toujours à l’affût, même si les maladies n’apparaissent pas. C’est la raison pour laquelle beaucoup de pays refusent d’importer, depuis les pays qui vaccinent, des animaux et leurs produits contaminants. Ils y ajoutent parfois par pur protectionnisme un embargo sur des produits non contaminants.
 Il n’y aurait aucun intérêt à vacciner les porcs et les moutons car les premiers sont terriblement excréteurs et les seconds discrètement : deux graves dangers d’expansion.
 L’éradication n’est pas une démarche de type productiviste. Bien au contraire, c’est la vaccination qui le serait, permettant de produire plus sous couvert d’une sécurité artificielle.

La sécurité la plus proche de la nature, c’est d’élever les animaux sensibles au virus aphteux dans des pays où celui-ci n’existe pas. En Europe, dans l’état actuel de l’épizootie, il reste donc à éradiquer en éliminant les animaux
 malades
 séropositifs
 contaminés par proximité ou contact qui peuvent être excréteurs AVANT d’être séropositifs ou du moins avant que leur séropositivité ait pu être constatée.

Encore faut-il le faire très tôt, dès la constatation des toutes premières suspicions. Le « refus du réel » est dangereux. La politique du silence et celle de l’autruche coûtent très cher, en argent et en souffrances humaines car les abattages par éradication sont extrêmement douloureux à vivre pour les éleveurs. Il convient donc de les aider financièrement et de les soutenir psychologiquement.


Thème : Vaccination

Mots-clés : Science